Pour notre deuxième épisode de “Parole de Designer”, nous vous invitons aujourd'hui à découvrir le portrait du célèbre architecte français Maxime d’Angeac. Aux commandes depuis maintenant plus de 30 ans sur de nombreux projets particuliers et des maisons de luxe comme Guerlain ou Hermès, l’architecte est aujourd'hui en charge de réinventer la marque Orient Express à travers le train légendaire et le plus grand voilier au monde Silenseas pour le groupe Accor. Pour ce projet iconique, Maxime d’Angeac s’est entouré des meilleurs artisans et il s’est notamment appuyé sur le savoir-faire de nos ateliers tapissiers.
Bonjour Maxime, merci de nous accorder un entretien pour notre série “Parole de Designer”. Comment allez-vous aujourd'hui ?
“Bonjour, je vais très bien, comme quelqu’un qui a de très beaux projets devant lui et qui est en pleine possession de ses moyens pour les gérer. J’ai un peu toutes les étoiles parfaitement alignées en ce moment.”
Pouvons-nous commencer cette interview par un bref retour en arrière, en revenant sur votre parcours ?
“J’ai un parcours très particulier. J’ai commencé par des études aux Beaux-Arts que j’ai trouvé tellement bien que je les ai multipliées par deux (20 ans d’études au total) pour être diplômé en architecture. Je travaille depuis que j’ai 18 ans dans le milieu de la scénographie, du spectacle et du théâtre. En tant que technicien, j’ai monté des décors et de la lumière un peu partout, ce qui m’a permis de devenir architecte DPLG, scénographe et décorateur. J’ai toujours travaillé, j’ai toujours voyagé, j’ai toujours été indépendant. J’ai fondé ma société en 1990 dans laquelle j’ai tout développé tout seul. Il y a maintenant 3 ans les choses ont évolué car j'avais atteint un seuil de ce que je pouvais réaliser dans ces conditions. Je voulais faire plus et mieux. Je me suis donc étoffé, j’ai changé de statut, j’ai embauché du monde (8 collaborateurs à temps plein) et je me suis tourné vers l'hôtellerie. Aujourd’hui je travaille sur la création de l’Orient Express et divers autres projets que je ne pourrais citer.”
Quel est votre rapport avec les maisons d'artisanats d’art ?
“Beaucoup de maisons artisanales me connaissent car j’ai un rapport étroit avec elles depuis de très nombreuses années. C’est aussi une question de moyens et il faut avoir les moyens de ses ambitions. Il y a des maisons très onéreuses à juste titre et qui ne prennent pas de trop “petits projets”. Je sais exactement comment les maisons travaillent car j’ai une culture des métiers très forte, je sais où les trouver selon mes besoins. J’ai travaillé pour des maisons prestigieuses telles que Lanvin ou Hermès, j’ai côtoyé leurs fournisseurs et j’ai pu apprendre leurs savoir-faire dans de nombreux domaines.“
Pourquoi avoir choisi de travailler avec nos ateliers pour ce projet mythique et très ambitieux ?
“Vous êtes pour moi la Maison la plus à la pointe depuis une dizaine d’années. Vous avez réinventé la culture du siège et de l’assise, vous lui avez donné une modernité tout en gardant un savoir-faire extrêmement assidu. La culture des formes, le fait de pouvoir travailler en courbe, en géométrie extrêmement complexe était difficile, pour moi vous avez été les premiers et vous êtes les meilleurs sur le marché pour faire cela. D’autant plus que vous êtes français, je me voyais difficilement ne pas vous impliquer dans ce projet.”
Quelles sont les contraintes pour ce type de projet en comparaison à un projet résidentiel “classique” ?
“Il y a un panel de contraintes. Elles sont sécuritaires, de poids, de centre de gravité, d'angles saillants, de détails d’entretien mais il y a aussi les accroches, la tenue, et la manipulation. Les meubles doivent être “intelligents” et fonctionnels. Ce sont des restrictions complémentaires que l’on ne trouve pas dans le résidentiel, en fait c’est juste fou. Cependant, il y a toujours évidemment la beauté de l’objet et son côté indémodable.”
Quelle approche avez-vous entretenue avec notre Studio Design dans la phase de développement technique et esthétique du mobilier ?
“J’ai beaucoup échangé avec Alice (Manager Projet) et Margaux (Manager Studio Design). Notre dessin était extrêmement pointu et il ne pouvait pas être modifié sans motif précis et une considération technique extrêmement pointue. Selon nos exigences et les retours de votre équipe on a fait évoluer les choses au millimètre près. On s’est quand même pas mal tenu au design de départ car la contrainte industrielle est tellement forte sur le train (ou sur le futur bateau) qu’il n’y a pas de place pour de la décoration “gratuite”. Avec 1980 mm de large chaque mm est utilisé, on ne peut même pas se tromper sur 5 mm.”
Ce projet est-il le plus ambitieux qui vous ait été confié ?
“Non, j’ai eu des projets extrêmement compliqués, j’ai fait des projets plus ambitieux économiquement ou d’ampleur. Pour l’Orient Express, on travaille sur la marque, un mythe, c’est un projet pointu mais en même temps c’est un train qui a très peu voyagé. Bien sûr que c’est un projet iconique qui m’a demandé un travail phénoménal mais ce n’est pas la première fois non plus que je travaille d’une façon aussi folle et que je m’engage sur quelque chose d’aussi compliqué. J'ai travaillé sur le siège de Guerlain sur les Champs Elysées, par exemple, et c’était, à mon échelle, tout aussi complexe et riche culturellement et historiquement.”
Quand sera-t-il possible de voyager dans ces wagons ?
“Il sera possible de voyager à partir de janvier 2026.”
© Masha Kontchakova | Orient Express